Flacons d'Huiles Essentielles

Flacons aux couleurs denses et odeurs enivrantes. Alambics gargouillant des heures entières pour extraire, par l’alchimie subtile de l’eau et du feu, jusqu’à l’ultime molécule de la plante. Momies égyptiennes parfaitement conservées, dont on sait aujourd’hui que le secret de leur embaumement résidait dans ces huiles précieuses, à base de cannelle, myrrhe, basilic.  Et puis, plus près de nous, au Moyen-âge, ces détrousseurs de cadavres qui parcouraient les champs de pestiférés, sans jamais être contaminés, parce qu’ils s’enduisaient le corps de ces huiles aux odeurs de lavande, qu’on finit par appeler « l’eau des quatre voleurs »…

Les huiles essentielles, parées de mystères ou ritualisées, ont toujours fait rêver.

Mais où va t’on les chercher ? En fait, parmi les huit cents espèces végétales, seules 10% -les plus sophistiquées- sont capables de synthétiser une essence, comme chez nous les thyms, lavandes, marjolaines,menthes, pins, lauriers,girofliers, fenouils…etc. Il faudra parfois une énorme quantité végétale, et des conditions draconiennes (heure de cueillette, précautions de stockage) pour produire un kilo d’huile : 150 kilos de lavande vraie pour un litre…mais quatre mille kilos de pétales de rose de Damas, soit un hectare de culture, pour produire un kilo d’huile essentielle !

Leur utilisation n’est pas récente, elle remonte à plus de trente mille ans, puisque les Aborigènes d’Australie utilisaient déjà des extraits d’eucalyptus pour leur pouvoir antibactérien.  L’Inde, la Chine et surtout l’Egypte, perfectionnèrent les méthodes d’extraction, et c’est via la Grèce et la Rome Antique que ce savoir arriva jusqu’à nous. Mais le processus actuel d’obtention des huiles essentielles par distillation, nous vient du monde arabe et d’Avicenne, qui le premier, mit au point l’alambic…que les chevaliers nous ramenèrent des croisades au 12eme siècle.

Depuis, la France est devenue en Europe le pays phare de l’aromathérapie, en développant l’extraction industrielle des essences par distillation à la vapeur d’eau. Une succession de « hasards », ou d’accidents, firent, comme toujours, progresser la recherche : Gattefossé, un pharmacien français du début de ce siècle, se brûle la main dans son laboratoire, et la plonge instinctivement dans un bac d’huile essentielle de lavande vraie. La cicatrisation est d’une rapidité époustouflante : il se consacre alors à l’étude des vertus antimicrobiennes de ces huiles. Son confrère lyonnais Sévelinge, spécialiste de médecine vétérinaire, confirmera leur potentiel antibactérien. Dans les années soixante, le docteur Valnet, chirurgien militaire, vérifiera sur le terrain et dans l’urgence, à la suite d’un manque soudain de médicaments classiques, leur pouvoir d’antibiotiques naturels en cas d’infections. C’est lui qui sera le premier grand vulgarisateur de l’aromathérapie, suivi par Durraffourd, Lapraz, et Bellaiche, grand praticiens et virtuoses de la phytothérapie.

Mais c’est l’aromatologue Pierre Franchomme, qui va donner aux huiles essentielles leur crédibilité scientifique, en établissant pour chaque huile son  « chemotype », c’est-à- dire la définition des molécules biochimiquement actives sur un certain nombre de pathologies cliniquement étudiées. Cela va permettre de comprendre le mode d’action et la singularité de chaque huile, ainsi que d’en affiner la prescription… D’autant plus qu’une même plante aromatique, botaniquement définie, fournira une essence aux propriétés –et aux toxicités- différentes, en fonction du lieu d’origine et de récolte : la nature du sol, l’altitude, le soleil, les conditions climatiques, et même les végétaux avoisinants, vont influencer l’essence fabriquée par la plante.

On s’aperçoit donc que l’on pénètre dans un domaine et un protocole subtils, que ne permet pas la médecine industrielle. Et l’on va retrouver cette précision et cette finesse dans l’appréhension de la santé de chacun par son terrain singulier, et la résonance qu’il peut avoir avec telle huile particulière.

Tout d’abord, il ne s’agit plus d’une molécule et d’un principe actif unique, mais une huile peut contenir jusqu’à quatre cents molécules, entrant en interaction non seulement avec l’organe atteint, mais aussi avec toutes ses connections dans le corps humain. Cette complexité de l’huile essentielle permet d’une part de compenser certains effets secondaires, d’autre part de dérouter les virus, si prompts à muter face à une seule molécule… mais incapables d’en déjouer  plusieurs dizaines !

D’autre part, que ce soit par voie cutanée, orale ou rectale, ces molécules légères et perméables sont tout de suite absorbées par le sang, et imprègnent immédiatement tous les organes. La preuve ? Dans le quart d’heure qui suit l’application de quelques gouttes d’eucalyptus radié sur la plante des pieds, notre haleine sent l’eucalyptus…à plein nez !

Et c’est, justement, leur propriété la plus singulière: Ces huiles nous atteignent d’abord, bien sûr, par l’odeur. Mais le circuit de l’odorat est loin d’être anodin. Car logé au centre du cerveau limbique, le centre de l’olfaction court-circuite tout simplement notre néo-cortex, donc notre mental, pour agir directement « indépendamment de notre volonté », sur nos pulsions, nos comportements dépendants (alcoolisme, boulimie, tabagisme), et notre mémoire émotionnelle la plus enfouie. Chaque odeur, comparée au vécu antérieur, sera perçue comme plaisante ou repoussante.  Et, de même que l’on ne peut pas s’empêcher de respirer, il est impossible de « s’arrêter de sentir ». C’est la raison pour laquelle ce sens est occulté, ou tabou, car plongeant en direct dans notre intimité, il peut être la voie royale…pour toutes sortes de manipulations. Les fausses odeurs de croissants chauds sortant des soupiraux de fausses boulangeries n’en sont que la forme la plus bénigne ! A contrario, une huile bien choisie pourra pacifier les perturbations de fonctionnements émotionnels inconscients.

Enfin, et c’est sûrement leur qualité la plus remarquable, les huiles essentielles sont extrêmement performantes là où la médecine allopathique est en panne, ou se fourvoie. Les structures moléculaires complexes et sophistiquées des plantes aromatiques, fonctionnent comme un système hormonal très développé, à coup de messages biochimiques qui envoûtent, expulsent, défendent, ou écœurent les parasites…etc. Dotées de glandes et de canaux, émettant des phéromones, elles se rapprochent étonnamment de notre fonctionnement humain, ce qui les rend très efficaces. Et leurs vertus se déclinent par exemple en œstrogène-like, foliculine ou progesterone-like.

Mais la force de frappe de cette médecine « naturelle mais pas douce », est avant tout dans les pathologies bactériennes et virales (il existe déjà vingt viricides puissants), les infections, les allergies, la douleur. En outre, elle ne se contente pas de « s’attaquer au mal », mais la combinaison appropriée de plusieurs huiles relève les défenses immunitaires, donc renforce le terrain du patient. D’autant plus qu’antibiotiques naturels –donc eubiotiques, au service de la vie – les huiles essentielles ne tuent pas la flore intestinale…première gardienne de notre immunité.

C’est pour toutes ces raisons que les huiles essentielles appartiennent à la médecine de demain. D’abord parce qu’elles agissent sur trois niveaux . Celui de la médecine classique biochimique, celui de la médecine naturelle alternative, mais aussi de la médecine énergétique : il suffit de mettre une goutte sur le bon point d’acupuncture, pour que l’huile, volatile, suive le trajet du méridien, lui même moins dense que le corps physique. Enfin, chaque huile a une vibration électro-magnétique, mesurable par l’appareil bioélectronique de Vincent, qui établit son PH, sa vitesse d’oxydation et sa résistivité : en les comparant avec ceux du patient, on peut établir, cas par cas, les huiles susceptibles de réharmoniser un terrain, et restaurer l’immunité.

Médecine d’avenir, elle l’est également pour les pays du Tiers-Monde, riches en plantes aromatiques. Installer des alambics est très peu coûteux, et former des soignants relativement aisé, d’autant plus que les médecins traditionnels détiennent en la matière un corpus de connaissances solide et éprouvé.

En conclusion, et sur un plan plus philosophique, les huiles essentielles établissent le lien entre l’homme et le plante. Par la culture ancienne de l’alchimie, l’homme extrait l’âme de la nature, en maîtrisant l’eau et le feu pour distiller la plante.

Il apprend ainsi à respecter la vie, car il sait que plongeant dans la matière pour tendre vers la lumière, sang vert contre sang rouge, la plante qui le protège, le nourrit, et l’aide à respirer, lui ressemble profondément.